Un nouveau guide sur le plein air de proximité pour aider les municipalités à passer à l’action

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Il est possible de pratiquer une foule d’activités physiques et de plein air en toutes saisons près de nos milieux de vie, que ce soit dans des sentiers, des parcs urbains, des plans d’eau, des corridors verts, bleus ou blancs… Plus populaires que jamais, ces espaces naturels au sein des villes et des villages favorisent ce qu’on appelle le plein air de proximité. Le nouveau guide pratique Le plein air de proximité : un outil pour le développement local et municipal! paru en août a été spécialement conçu pour aider les municipalités à développer leur offre de services à cet effet.

Annie Robitaille est conseillère en promotion de l’activité physique au ministère de l’Éducation et responsable du groupe de travail sur la promotion du plein air à la Table sur le mode de vie physiquement actif (TMVPA). François Bélanger est chargé de projet plein air à l’Unité régionale loisir et sport Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine. Tous deux ont participé à l’élaboration de cet incontournable outil de développement local et municipal, en collaboration avec les membres du groupe de travail sur la promotion du plein air.

Vous avez dit plein air de proximité ?

D’entrée de jeu, ils nous expliquent en quoi consiste précisément le plein air de proximité, et ce qui le distingue du plein air tout court. Une activité de plein air, tel que défini dans l’avis Au Québec on bouge en plein air!, se pratique en milieu ouvert, dans un rapport dynamique et harmonieux avec des éléments de la nature. Le plein air de proximité, quant à lui, peut se pratiquer à deux pas de chez soi.

Les espaces naturels et les sites de plein air de proximité sont situés au cœur des milieux de vie. De chez soi ou du travail, on peut s’y rendre en une quinzaine de minutes, à pied, en bus ou à vélo. Aussi, les activités de plein air de proximité sont facilement accessibles au plus grand nombre – adeptes ou apprentis –, que ce soit en termes de préparation, de coût ou d’équipement. Été comme hiver, on peut pratiquer ces activités en solo, en famille ou entre amis, selon les intérêts, le rythme et les disponibilités de chacun, résument-ils.

Des bénéfices pour tous

Alors que le besoin des citoyennes et citoyens de renouer avec la nature et de se rapprocher des espaces verts s’est accentué dans les dernières années, et plus encore avec la pandémie et le confinement, le plein air est en pleine effervescence partout au Québec. Les municipalités ont tout avantage à surfer sur la vague et à miser sur les richesses naturelles de leur territoire en développant une offre de services propice à la pratique d’activités récréatives qui réponde à ces besoins – vélo, randonnée, ski de fond, marche hivernale, raquettes, planche à pagaie (paddle board), canot, kayak, vélo à pneus surdimensionnés (fatbike), escalade, équitation, planche aérotractée (kite surf), etc.

Le plein air de proximité facilite l’adoption d’un mode de vie physiquement actif, car il peut se pratiquer de façon quotidienne, sans grande préparation ni grand déplacement. Cette accessibilité dynamise vraiment les milieux de vie, alors tout le monde y gagne, affirme Annie Robitaille. Cela contribue également à la cohésion sociale et au sentiment de sécurité, à l’augmentation du bien-être et de la qualité de vie, à l’amélioration de la santé physique et mentale, à la pratique du jeu libre extérieur chez les enfants, etc.

Bouger en nature multiplie au carré les bienfaits de l’activité physique sur la santé, souligne aussi François Bélanger.

Pour le milieu municipal, créer, développer et protéger des espaces naturels et des lieux de pratique destinés aux activités de plein air de proximité engendrent aussi une foule de retombées positives : développement de l’image de marque, hausse de la valeur foncière des résidences à proximité des espaces naturels et de l’ensemble du territoire, augmentation de l’attractivité et de la rétention des citoyens, des entreprises et des employés, sentiment d’appartenance accru, revitalisation des quartiers, prévention des inondations et de l’érosion des sols, meilleure qualité de l’air et de l’eau, diminution du bruit, augmentation du potentiel touristique, alouette !

Les espaces naturels et sites de pratique de plein air de proximité peuvent rapporter beaucoup tout en étant généralement moins coûteux à entretenir que d’autres infrastructures municipales, fait remarquer François Bélanger.

Les enjeux du développement du plein air de proximité

Si les municipalités ont un rôle de premier plan à jouer pour rapprocher la nature de leurs citoyennes et citoyens, encore faut-il que les lieux de pratique soient accessibles, de qualité, sécuritaires et connus. Facile à dire, mais pas toujours facile à faire!

Les municipalités sont confrontées à différents enjeux tels qu’un manque d’espace pour le développement de nouveaux sites de plein air, des espaces naturels peu connus, développés ou accessibles, un manque de planification ou de ressources, des installations pour personnes à mobilité réduite inexistantes ou des services de transport collectif inadéquats. D’autres encore font face à des problèmes de surachalandage, de signalisation, d’entretien ou d’éclairage.

Le développement et la valorisation du plein air de proximité, ça peut être relativement nouveau pour certaines municipalités. Celles-ci doivent en faire une de leurs priorités et l’intégrer dans leur planification et leur budget pour que l’ensemble de la population puisse en bénéficier. Et comme la qualité de l’expérience est importante, plus les gens auront du plaisir à pratiquer des activités physiques en nature, plus ils les intégreront dans leur mode de vie, estime Annie Robitaille.

Guide plein air proximité

Un guide pour passer à l’action

Mais par où commencer ? C’est ici que le guide pratique Le plein air de proximité : un outil pour le développement local et municipal! entre en scène. Destiné aux professionnels et aux intervenants des milieux municipaux ainsi qu’aux gestionnaires des lieux de pratique de plein air, ce nouvel outil a pour but d’accompagner tout ce beau monde dans la planification, le développement, la mise en œuvre et la promotion du plein air de proximité.

Avec l’engouement pour le plein air et le besoin qu’a la population d’être en contact avec la nature, le guide ne pouvait mieux tomber, souligne Annie Robitaille. Il faut garder en tête que le plein air de proximité a ses propres règles de développement et ses propres valeurs. On doit l’aborder comme un nouveau mandat, avec un leadership assumé. C’est une belle complémentarité dans l’offre de services des municipalités.

50 pistes d’action

Le guide, qui prend appui sur l’avis Au Québec on bouge en plein air! paru en 2017, met de l’avant quelque 50 pistes d’action. Lesquelles prioriser ? Tout dépend où se situe la municipalité dans le développement de ses espaces naturels sur son territoire. Annie Robitaille et François Bélanger s’entendent néanmoins sur les points suivants, à savoir que chaque municipalité doit :

  • Réaliser le portrait territorial et la cartographie des espaces naturels et des sites de plein air existants (mais également des sites potentiels) pour mieux comprendre son milieu : il importe d’évaluer son offre de services actuelle, mais aussi son « potentiel nature », en plus de sonder les besoins et les intérêts de sa population, d’identifier les organismes partenaires et d’impliquer les groupes de bénévoles;
  • Adopter une approche en trois temps : évaluer la qualité et la quantité, l’accessibilité et l’attractivité des espaces naturels et des sites de pratique de plein air de proximité;
  • Développer une vision commune : en ce qui concerne le développement et à la promotion de ces espaces, et la positionner dans ses politiques municipales et ses schémas d’aménagement;
  • Définir une planification stratégique : vision, objectifs et stratégies, forces et faiblesses, opportunités et menaces, plan global, ressources, etc.;
  • Travailler en concertation avec différents secteurs et les acteurs concernés : aménagement paysager, travaux publics, loisirs et sports, urbanisme, environnement, bénévoles, milieux scolaires, municipalités limitrophes, MRC, etc.);
  • Réserver un budget dédié aux espaces naturels et sites de plein air de proximité: développement, aménagement/réaménagement, gestion, entretien, signalisation, éclairage, promotion, etc.;
  • Penser au concept d’espaces verts, mais aussi d’espaces bleus et blancs : afin d’offrir des activités et des lieux de pratique 4 saisons;
  • Sortir des pratiques courantes et valoriser les lieux de proximité sous-utilisés : par exemple, transformer une piste cyclable en sentier de ski de fond l’hiver, créer un sentier de raquettes dans un boisé de proximité, aménager une patinoire sur un campus universitaire, entretenir un sentier le long d’un cours d’eau ou une patinoire sur le lac municipal, etc.

Un travail d’équipe et une bonne dose d’imagination

Le développement du plein air de proximité ne doit pas reposer sur les épaules d’une seule personne, insiste toutefois François Bélanger. « Plusieurs organisations œuvrent dans le domaine du plein air au Québec, que ce soit les fédérations, les organismes (Aventure Écotourisme Québec, Association des parcs régionaux du Québec, la SÉPAQ) ou les Unités régionales de loisir et de sport (URLS) qui peuvent jouer un rôle dans le développement du plein air de proximité, particulièrement auprès des petites communautés. » Le secteur loisir et sport du ministère de l’Éducation soutient également divers organismes et initiatives.

Ce qu’on souhaite avec ce guide, c’est que les municipalités s’approprient ce nouveau volet qu’est le plein air de proximité et découvrent le potentiel de leur territoire, comme un éveil de conscience. Pour cela, elles doivent développer leur leadership à cet égard, soutenir les organismes de leur milieu, réserver un budget et avoir une vision claire. C’est en usant d’imagination que les acteurs municipaux parviendront, de concert avec divers partenaires, à développer de façon optimale des espaces naturels près des milieux de vie, au bénéfice de tout un chacun , conclut Annie Robitaille.

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