Le 8 avril dernier, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) rendait publique sa Plateforme municipale pour le climat. Qu’est-ce qui pousse les municipalités à unir leurs forces maintenant dans la lutte aux changements climatiques ? La présidente ex-officio de l’UMQ, présidente du comité sur les changements climatiques et mairesse de Sainte-Julie, madame Suzanne Roy, fait le point.
Les scientifiques sont unanimes : il y a urgence d’agir. Partout dans le monde, les changements climatiques affectent l’environnement et les populations – crises économiques et alimentaires, problèmes d’approvisionnement en eau potable, dégradation de la qualité de l’air, etc.
Ces situations préoccupantes peuvent sembler loin de nous, or il n’en est rien, souligne d’entrée de jeu Suzanne Roy. Pensons à la crise sanitaire actuelle, aux inondations qui ont causé d’importants dommages dans plusieurs municipalités du Québec, aux hivers plus doux et aux étés plus chauds. Nos écosystèmes, nos industries et nos populations n’y échappent pas. Nous devons agir maintenant pour limiter les impacts des changements climatiques en réduisant nos émissions de GES, en adaptant nos territoires pour les rendre plus résilients et en protégeant nos écosystèmes. La pandémie ne doit pas occulter l’importance de la crise climatique dans notre prise de décision.
Passer à l’action
Devant l’urgence climatique, l’UMQ a donc lancé sa toute nouvelle Plateforme municipale pour le climat. Le but : aider les municipalités à passer à l’action dès maintenant avec des solutions novatrices adaptées à leur milieu. « C’est un problème mondial qui appelle une réponse locale. Comme la force réside dans le collectif, nous voulons unir nos forces et partager notre expertise pour le bien-être de toutes et de tous, affirme Suzanne Roy. Ce mouvement, on le souhaite, va ‘’faire des petits’’ et inciter tous les décideurs publics à aller dans la même direction. »
La déclaration Unis pour le climat
Au cœur de ce projet de société se trouve la déclaration d’engagement Unis pour le climat, qui invite les municipalités du Québec à « faire de la lutte et de l’adaptation aux changements climatiques les moteurs permanents de [leurs] décisions et à agir dans [leur] travail et dans [leur] vie personnelle avec une volonté d’exemplarité. » Plusieurs sont en voie d’y adhérer par le biais d’une résolution de leur conseil municipal.
Les chantiers climatiques
Pistes d’actions concrètes, outils, publications, formations : voilà autant de moyens mis de l’avant sur la Plateforme pour aider les municipalités à limiter les effets des changements climatiques sur leur territoire. Pour ce faire, l’UMQ a identifié 10 chantiers climatiques répartis selon trois priorités – la mobilité, l’aménagement du territoire, les infrastructures –, à travers lesquels les municipalités peuvent réaliser des projets structurants aux retombées positives.
Au Québec, le secteur des transports est responsable de l’émission de 45 % des gaz à effet de serre (GES). C’est énorme, mentionne Suzanne Roy. Chaque municipalité a la possibilité d’agir pour réduire ses émissions de GES liées au transport. Par exemple, en développant une plus grande autonomie régionale, en valorisant les matières résiduelles à même son territoire ou en mettant en place des centres de transbordement pour permettre l’intermodalité des transports et optimiser la chaîne logistique.
L’aménagement du territoire est aussi un puissant outil en matière de lutte et d’adaptation aux changements climatiques. « La façon dont la municipalité est aménagée peut avoir des effets positifs sur la santé et le bien-être des populations, observe Suzanne Roy. Quand on leur offre un aménagement adéquat et sécuritaire, les citoyennes et citoyens sont davantage portés à utiliser des modes de transports actifs. »
Québec et Ottawa ont un rôle à jouer
Que ce soit en façonnant le territoire, en aménageant les rues ou en entretenant les infrastructures, les municipalités peuvent être ainsi de véritables vecteurs de changement dans la lutte aux changements climatiques. Ce qui n’empêche pas Suzanne Roy de lancer un appel à la responsabilité partagée et à l’action concertée avec les autres paliers de gouvernement, mais aussi avec les organisations et la population. « Tous les acteurs de la société ont des responsabilités vis-à-vis de la crise climatique. C’est ensemble qu’on parviendra à faire naître des changements importants au sein de nos collectivités. »
Bien que plusieurs stratégies et programmes gouvernementaux aient été mis en place pour soutenir les municipalités dans leur transition vers une économie verte et durable, la présidente de l’UMQ insiste sur une meilleure reconnaissance de la pluralité des besoins, des ressources et des leviers locaux. Elle cite en exemple le développement du transport collectif en milieu urbain et en région.
Les municipalités ne peuvent éponger à elles seules l’augmentation des frais d’exploitation. L’UMQ considère que Québec et Ottawa doivent contribuer davantage au financement des opérations du transport collectif de manière à limiter la contribution des municipalités à 30 % , estime Suzanne Roy.
« Protéger l’environnement et protéger notre monde »
Les changements climatiques exercent des pressions sur les organismes municipaux, mais aussi sur la qualité de vie et la santé des citoyennes et citoyens. Comment assurer la sécurité et favoriser leur bien-être ?
En mettant en place des infrastructures durables et adaptées aux possibles aléas climatiques, répond Suzanne Roy. Pour cela, les élues et élus municipaux doivent bien connaître leur territoire et leur population, et savoir évaluer les risques. Quelles sont les zones inondables ? Où se trouvent les îlots de chaleur ? La biodiversité locale est-elle affectée par des espèces exotiques envahissantes ou menacée par des insectes ? Voilà autant de questions essentielles à se poser pour agir en amont.
Elle souhaite que la population profite des actions qui seront mises en oeuvre. « Agir pour le climat peut être une source de plaisir qui génère des projets positifs pour tout le monde, assure Suzanne Roy. Quand on minimise les îlots de chaleur, on jouit d’un climat plus tempéré. Quand on aménage des espaces verts et boisés, on améliore la qualité de l’air dans nos municipalités et on offre un environnement de détente à nos citoyennes et citoyens. »
Grâce à la Plateforme municipale pour le climat, les municipalités ont tous les outils à portée de clic pour sensibiliser leur population à l’importance d’agir et l’informer des projets à mettre en branle pour le bien de l’environnement. Un bon investissement pour le présent et le futur !