Y a-t-il un panneau d’arrêt au coin de la rue ? Une saillie de trottoir ? Une piste cyclable ? Il est maintenant possible de recueillir ces informations sur le terrain et de les consigner dans une banque de données à l’aide de l’application PPassage. Le but : permettre aux organisations de tracer le portrait de l’environnement des marcheurs en vue d’améliorer l’aménagement urbain et de favoriser le transport actif.
La genèse d’une bonne idée
Conçu par Société Logique, cet outil de collecte, d’analyse et de partage de données, unique en son genre, a été mis au point grâce aux efforts conjugués de nombreux partenaires communautaires, municipaux et gouvernementaux, explique d’entrée de jeu Martine Laurin, directrice de la consultation sur des dossiers d’aménagement et d’urbanisme à Société Logique.
À l’origine, le système d’audit a été pensé par une équipe de chercheurs de la Direction de santé publique (DSP) en réponse à un problème : l’absence totale de données sur la condition des marcheurs à Montréal.
Chaque fois qu’on voulait savoir de quoi avait l’air tel ou tel coin de rue, il fallait aller sur place et prendre des photos , se souvient Martine Laurin, qui était alors agente de recherche en aménagement et urbanisme à la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP). Plutôt que de recommencer à tout bout de champ, on a mis sur pied une base de données alimentée par les utilisateurs, soit les planificateurs urbains.
Ainsi est née la première génération du système d’audit sous le nom de Potentiel Piétonnier Actif Sécuritaire (PPAS), utilisable uniquement sur le territoire de la Ville de Montréal.
Un outil optimisé grâce aux usagers
En cours de route, une recherche d’évaluation menée auprès de ses différents usagers est venue pointer des éléments à parfaire, notamment l’accessibilité universelle et la technologie. Une modernisation de l’outil s’imposait ! Le mandat a été confié à l’entreprise d’économie sociale Société Logique, vouée à la promotion du design universel et à la création d’environnements universellement accessibles.
« On a remodelé le modèle pour y inclure des paramètres d’accessibilité universelle – dalles podotactiles pour non-voyants, alignement des corridors de marche, etc. – de même que des outils technologiques », indique Martine Laurin, qui a rejoint depuis Société Logique à titre de directrice des services de consultation en aménagement urbain. C’est ainsi qu’a été conçue la deuxième génération du système d’audit rebaptisé PPassage, qui comporte une application mobile de collecte de données et d’analyse.
Un projet collaboratif
Rien de tout cela n’aurait pas été possible sans l’apport de nombreux partenaires, dont des intervenants municipaux en urbanisme, des experts du milieu communautaire et des professionnels des saines habitudes de vie. À commencer par la Table Montréal physiquement active (MPA).
C’est tout un réseau qui s’est organisé autour de la Table en lien avec le transport actif, l’environnement accessible à tous et les saines habitudes de vie. Différents partenaires nous ont aidés à bonifier l’outil et à trouver du financement, fait valoir Martine Laurin. Des comités stratégique et technique ont été mis sur pied. Des ateliers participatifs ont ensuite été organisés avec des groupes de professionnels en aménagement pour sélectionner les nouveaux critères à intégrer au formulaire d’audit.
L’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) a été le premier à lever la main pour financer le projet afin d’en faire un outil plus inclusif. Ont suivi la Direction de la santé publique (DSP), la Ville de Montréal et d’autres intervenants intéressés à l’aménagement du domaine public – Centre d’écologie urbaine, Vivre en ville, Conseil régional de l’environnement, Institut Nazareth et Louis-Braille, pour ne nommer que ceux-ci.
La clé : savoir s’entourer
Comme l’utilisation de l’outil requiert certaines connaissances en matière de vocabulaire et de méthode pour la collecte de données, il a fallu trouver le budget nécessaire pour mettre sur pied des formations accréditées, données par Société Logique. Encore là, la mobilisation des différents intervenants a été d’un grand secours. « Avec la pandémie, on a dû revoir nos formations pour les offrir en mode virtuel dès ce printemps, et adapter l’application en conséquence », indique Martine Laurin.
Elle souligne enfin à quel point ces précieux alliés ont contribué au succès de l’initiative : « Être bien entouré, c’est essentiel. Toutes les organisations en place nous ont permis de défendre nos idées et de les concrétiser. La Table de concertation agit un peu comme un incubateur pour propulser nos projets. »
Présentement, cette application ne peut être utilisée que sur le territoire de la Ville de Montréal, mais il s’agit d’un modèle qui pourrait inspirer d’autres villes à passer à l’action afin d’améliorer leur aménagement urbain.