[CAS] Virage santé dans les arénas et les centres sportifs

Des municipalités passent à l’action

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Les menus des arénas et des centres sportifs municipaux sont trop souvent uniquement composés d’aliments gras, salés ou sucrés. Soucieuses de créer des environnements favorables à la santé, des municipalités québécoises ont choisi de changer la donne et d’améliorer l’offre alimentaire dans leurs établissements sportifs. Zoom sur un mouvement qui prend de l’ampleur.

Dolbeau-Mistassini : une annexe à l’appel d’offres et au contrat

Dolbeau

Aréna de Dolbeau

À Dolbeau-Mistassini, la municipalité a profité du renouvellement du contrat de trois ans, pour ajouter une annexe à l’appel d’offres pour les concessions de l’aréna et du complexe sportif.

« Nous avons rédigé ce document en collaboration avec MC Santé et Québec en forme », explique M. Paul Morel, directeur sportif et de plein air de la municipalité. Dans cette annexe, qui contient 9 clauses, le concessionnaire s’engage à « collaborer à la mise en place d’une offre alimentaire saine et nutritive en complément de l’offre déjà existante ».

« Nous ne voulions pas faire un virage radical, insiste M. Morel. Nous savons que les concessionnaires doivent être rentables, mais nous voulons aussi aider les jeunes qui font de l’activité physique à faire de bons choix alimentaires. Cette annexe, qui a été approuvée par le conseil municipal, nous permet d’aller de l’avant pour créer un environnement alimentaire plus sain dans nos installations sportives. »

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Le concessionnaire n’est pas laissé à lui-même dans cette démarche, bien au contraire. Il est consulté et soutenu dès le début, car il ne s’agit pas de contraindre, mais bien de collaborer.

« Pour que le concessionnaire collabore, nous devons procéder avec tact et respect et lui offrir un bon soutien en tenant compte de sa réalité, explique Amélie Paquet, coordonnatrice de MC Santé. C’est pourquoi une de nos agentes de développement et de mobilisation travaille sur le terrain ». MC Santé est un regroupement de partenaires dont la mission est d’améliorer la qualité de vie des jeunes de 0 à 17 ans en matière d’activités physiques et de saines habitudes alimentaires, sur le territoire Maria-Chapdelaine.

Cette agente de développement a été formée par l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, dans le cadre du projet « La santé au menu ». L’un des volets de ce projet vise spécifiquement à soutenir les casse-croûtes d’arénas dans l’amélioration de leurs menus et dans la promotion des choix sains. La Santé au menu offre en ligne des conseils en cuisine, en gestion et en nutrition, en plus de fournir des recettes qui ont été testées et qui sont adaptées à la clientèle des centres récréatifs et sportifs.

Première étape de cette démarche : modifier le contenu et la disposition des machines distributrices. Ainsi, 25 % des produits secs sont désormais des choix santé selon les critères fixés par MC Santé et ils sont placés dans les rangées les plus visibles de la distributrice, tout comme les bouteilles d’eau et autres boissons saines, qui doivent être présentes en quantité suffisante.

« Un premier choix sain devrait être bientôt mis en valeur dans le menu des deux arénas », se réjouit M. Morel.

Sherbrooke : une politique alimentaire pour les infrastructures sportives et les événements

La Ville de Sherbrooke a quant à elle choisi d’améliorer l’environnement alimentaire de ses installations sportives et récréatives en se dotant d’une politique alimentaire. En 2011, le conseil municipal a chargé le Service des sports, de la culture et de la vie communautaire de rédiger cette politique, qui touche aussi les fêtes et événements ayant lieu sur le territoire. Mise au point en collaboration avec plusieurs partenaires, dont l’Alliance sherbrookoise pour des jeunes en santé, cette politique a été adoptée en février 2013.

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Les 5 grandes orientations de la politique alimentaire :

  1. Offrir des repas et des collations de haute valeur nutritive
  2. Intégrer les principes du développement durable à l’ensemble des activités des services
  3. alimentaires
  4. Favoriser l’accessibilité physique à une variété d’aliments de haute valeur nutritive
  5. Promouvoir la saine alimentation auprès des clientèles des services alimentaires
  6. Assurer le développement des compétences du personnel

Un plan d’action a été mis sur pied, en collaboration avec les concessionnaires présents dans six arénas, une station de ski, une base de plein air et la cantine mobile d’un club de football.

« La volonté politique de la municipalité, la nomination d’une responsable du dossier au niveau municipal et une approche collaborative avec les concessionnaires font partie de nos stratégies gagnantes , souligne Annie Masson, coordonnatrice de l’Alliance sherbrookoise pour des jeunes en santé. Il ne s’agit pas de retirer les frites à tout prix, mais de pouvoir, par exemple, offrir une soupe ou une salade à un parent qui accompagne ses enfants au centre sportif. Il s’agit avant tout d’offrir un choix. »

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Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dès la première année, tous les concessionnaires ont changé le type d’huile qu’ils utilisaient, en choisissant des huiles non hydrogénées pour la cuisson et une huile qui résiste bien à la chaleur pour la friture. En 2014, le restaurant du Centre récréatif de Rock Forest a acheté un comptoir réfrigéré vitré dans lequel il a mis en valeur des aliments sains comme des sandwichs, des fruits, des salades et des yogourts. Le concessionnaire a remarqué que sa clientèle appréciait ces nouveaux choix et que les gens qui jouaient au tennis venaient au restaurant en plus grand nombre qu’avant.

« Tous les concessionnaires ne sont pas aussi proactifs, mais nous avons constaté que les deux réunions annuelles de suivi ont établi un climat de collaboration entre eux, constate Annie Masson. Et ces rencontres nous permettent de continuer à les sensibiliser à l’importance de créer un environnement alimentaire sain pour les jeunes Sherbrookois ».

Retombée inattendue de la politique alimentaire et du plan d’action : le Centre Communautaire de Loisir Sherbrooke a lui aussi décidé de bonifier le menu de son casse-croûte. Une évaluation de l’implantation de la politique est en cours et une évaluation de son intégration sera réalisée en 2017. Cinq ans après l’adoption de la politique alimentaire de la Ville de Sherbrooke, ces données seront précieuses pour faire le point.

C’est donc une histoire à suivre….


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Source : Prendre soin de notre monde, Publié dans l’édition de décembre de la revue Marché municipal, Rédaction : Marjolaine Arcand Québec en Forme