Pourquoi et comment tenir compte de la santé des citoyens et citoyennes dans l’aménagement des milieux de vie?

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Il ne faut jamais sous-estimer l’impact des milieux de vie sur la santé des citoyens·nes. C’est ce qu’a soulevé la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement lors du forum Vers des collectivités en santé | De la mobilité au verdissement : intégrer la santé dans la planification et l’aménagement, présenté par Vivre en Ville en octobre dernier à Montréal.

« On sait que 20 % de la santé des gens est influencée par l’accès au système de santé, et que 5 à 15 % dépendent de la génétique de la personne. Mais 70 % de la santé d’une personne découle de son milieu de vie », a-t-elle affirmé.

Un milieu favorable à la santé, c’est un milieu qui :

  • favorise l’adoption de comportements favorables à la santé (transport actif, saine alimentation, etc.);
  • est sain et sécuritaire, et protège des risques et des nuisances (est exempt par exemple de risques liés à la pollution atmosphérique ou aux changements climatiques);
  • offre à tous d’y avoir sa place et de s’y sentir bien (habitation acceptable, accès aux soins, aux espaces verts et à la vie sociale).

 

 

La santé : transversale dans la planification et l’aménagement des milieux de vie

L’idée derrière cet événement? Aborder la notion d’une approche intégrée de la santé au sein de nos milieux de vie, en conjuguant la prévention des risques et l’accès aux opportunités pour améliorer la santé, le bien-être et la qualité de vie de la population.

Les conférenciers et panélistes ont abordé une foule de thématiques permettant de tenir compte de la santé de manière transversale dans la planification et l’aménagement des milieux de vie, notamment :

  • le logement et la densification, pour assurer un chez-soi à tout le monde et pour protéger les milieux naturels et agricoles;
  • la localisation des services et des équipements collectifs, pour favoriser l’accès à l’emploi, aux biens et services essentiels, en particulier l’accès à une alimentation saine et aux opportunités de participation sociale;
  • la mobilité durable et les rues conviviales, pour faciliter les déplacements actifs, sécuritaires et agréables et pour créer des occasions de socialisation;
  • le verdissement et les parcs, pour limiter les îlots de chaleur, pour inciter la pratique d’activités physiques ou encore pour rendre les milieux de vie confortables et résilients.

 

Pourquoi viser une approche intégrée?

  • Pour assurer la cohérence des décisions prises à toutes les échelles, du logement à la région, et à travers tous les enjeux, de la densification à la protection de nos milieux naturels et agricoles.
  • Pour adopter des interventions d’aménagement structurantes, qui posent les bases d’un milieu de vie favorable à la santé.
  • Pour prévenir les effets néfastes que des solutions uniques peuvent générer, comme ce fut le cas au cours du dernier siècle.

 

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Un nouvel outil pour guider les municipalités dans l’aménagement de milieux de vie favorables à la santé

L’organisme Vivre en Ville a profité de l’occasion pour lancer son plus récent guide Collectivités en santé — Guider les municipalités dans l’aménagement de milieux de vie favorables à la santé, au bien-être et à la qualité de vie. Cette publication propose des exemples inspirants et des apprentissages partagés, issus de l’expérience d’autres municipalités et de spécialistes de la santé publique.

Ce guide s’adresse à toutes les municipalités québécoises, peu importe leur taille, le type de milieux qui les composent et leur stade de réflexion sur les questions de santé. L’objectif de Vivre en Ville : inciter les municipalités à passer à l’action.

 

Comment rendre les milieux plus favorables à la santé?

La publication de Vivre en Ville propose 5 grands chantiers pour y arriver.

1. Le milieu de vie comme écosystème

Une trame verte et bleue consolidée, des parcs de quartiers pour toute la population (qui favoriseront le contact avec la nature, une diminution de stress, et un mode de vie physiquement actif), ainsi qu’une canopée et un verdissement ambitieux en plantant des végétaux, en déminéralisant les surfaces, etc.

Des exemples : parc linéaire de la rivière Saint-Charles de Québec, la Politique de l’arbre de Granby, et la promenade du Saint-Maurice de Shawinigan.

 

2. Une place pour tout le monde

Une croissance et densification réparatrice, et des logements abondants, divers et de qualité, soit la multiplication des logements accessibles, abordables, de taille suffisante, et lumineux.

Des exemples : Écopropriétés Habitus de Québec et Manoir Saint-Bruno de St-Bruno-de-Montarville.

 

3. La ville des courtes distances

Des activités localisées dans les milieux plus adaptés, des infrastructures de mobilité durable au service de l’accessibilité, par exemple le transport actif qui réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Des exemples : Centre-ville de Trois-Rivières, Parc intergénérationnel de Saint-Bruno-de-Montarville

 

4. Des rues vivantes et actives

Une trame de rue perméable et adaptée à son milieu, une allocation de l’espace viaire en faveur des modes de déplacement durables, un espace public convivial favorisant son appropriation.

Des exemples : Raccourcis piétonniers pour déjouer une trame imposant de longs détours à Saint-Lambert-de-Lauzon, la route 132 réaménagée à la hauteur de Montmagny ou la portion du boulevard Gouin aménagée en rue partagée dans Ahuntsic à Montréal.

 

5. Un territoire nourricier

Des terres agricoles protégées et mises en valeur, une offre alimentaire saine, accessible et de qualité, des espaces d’agriculture urbaine divers dans tous les milieux.

Des exemples : MRC de Brome-Missisquoi, Habitations Jeanne-Mance, Montréal

 

Vous pouvez consulter le chapitre 2 de l’ouvrage afin d’en apprendre davantage ou pour découvrir d’autres exemples.

 

Les facteurs de succès d’une démarche intégrée

Mais comment s’assurer du succès d’une démarche intégrée? Les différents panélistes se sont prononcés sur la question au cours de l’événement. La mobilisation des leaders demeure un incontournable. « Il faut préparer le terrain pour la collaboration avec des experts et leaders d’opinion », a indiqué Birgit Isernhagen, responsable des politiques environnementales à Santé publique Ottawa lors d’une conférence sur l’arrimage optimal entre aménagement et santé. Le tout, selon elle, en s’appuyant sur des données probantes. Jocelyn Cadieux, Urbaniste à la Ville d’Ottawa, abondait en ce sens : « Il faut être présent dès le départ du projet ».

Lors d’un panel de municipalités et de MRC engagées à favoriser la santé sur leur territoire, d’autres facteurs de succès ont été énoncés, notamment la réalisation d’une évaluation d’impact sur la santé avant le départ du projet, le fait de s’appuyer sur des données probantes, et la nécessité de se mettre en action. « Il ne faut pas hésiter à sauter dans le vide. Une municipalité qui se lance peut créer un projet imparfait, mais au moins, elle ne reste pas au point de départ », a aussi lancé Ghislain Breton, chef d’équipe au Développement et à l’aménagement du territoire à la Division du développement durable de la Ville de Québec.

 

6 étapes pour intégrer la santé dans la planification et l’aménagement des milieux de vie

Le guide propose d’ailleurs une démarche en six étapes afin de s’assurer d’intégrer les enjeux de santé dans la réflexion de l’aménagement du territoire et l’urbanisme.

  1. Collaborer avec le milieu en amont et tout au long de la démarche.
  2. Réaliser un portrait-diagnostic.
  3. Définir collectivement un devenir souhaitable.
  4. Élaborer un projet urbanistique.
  5. Concrétiser le projet grâce aux outils et aux interventions appropriés.
  6. Évaluer les résultats et mettre à jour la démarche.

 

Vous pouvez consulter le chapitre 3 de l’ouvrage afin d’en apprendre davantage.

 

« Les Villes sont au cœur des grands déterminants de la santé (…). Elles sont au premier plan. Il faut donner des leviers aux municipalités pour accélérer ces transformations en santé durables », a lancé la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal, en clôture de l’événement.